Présentation
Depuis plusieurs année je me bats pour rester en vie, pour aimer ma vie. Depuis plusieurs années je suis malade. Je suis boulimique vomitive. J'ai été hospitalisée pendant deux mois pour ce problème. J'en suis ressortie en signant une décharge. Je vais mieux qu'avant. Ma vie ressemble à une vie mais n'est pas celle que je voudrais vivre. Le plus dur dans cette maladie, c'est qu'elle ne se voit pas. Même lorsqu'elle se voit, les autres ne la voit plus ou ne veulent plus la voir. Lorsque chaque jour de votre vie vous êtes malade avec toujours les même soucis, pour ceux qui vous entourent ce n'est que de l'habitude. Plus rien n'a d'importance. C'est ça qui fait mal. Lorsqu'on découvre votre maladie tout le monde veut vous aider mais à force de vivre les mêmes choses, on se lasse de vous. Si de toutes vos forces vous arrivez encore à sourire alors pourquoi s'inquiéter? Je me sens seule. Je me sens mal. Je m'enfonce psychologiquement dans une tourmente dont je ne vois la fin. Je ne blâme pas mon entourage, je les comprends. E même temps cette compréhension ne supprime pas ma peine. Peut-être n'étais-je pas prête à ressortir de cet hôpital, mais je voulais continuer mes études. Cela s'est passé il y a deux ans.Aujourd'hui j'ai 24 ans. Maintenant je vais obtenir mon diplôme de master et puis quoi? qu'est-ce que j'ai gagné?
J'ai décidé de faire ce blog pour pouvoir parler. Je n'ai jamais su m'aimer, je n'ai jamais su me regarder en face en me disant que j'étais belle. Au centre où j'étais hospitalisée on m'a ré-appris à manger mais pas à m'aimer.
Il y a des matins où je n'ai même pas le courage de m'habiller ni de me laver, je n'ose pas toucher mon corps. Je me sens laide, grosse, grasse, je voudrais que ce corps sorte de moi. Depuis longtemps mon poids joue au yoyo. A 16 ans je suis montée jusqu'à 80 kilos. Je me suis dite, ma fille faut que tu fasses gaffe... J'ai commencé un régime, le plus bête qu'il soit, moins manger. Puis j'ai découvert le mot calorie. A cette époque, on ne parlait presque jamais de cela et je me suis retrouvée à essayer de les calculer, ne sachant pas combien il m'en fallait par jour. J'ai estimé que 600 kcal étaient ma limite. Pendant qques mois cela a marché jusqu'au jour où j'ai craqué pour la première fois. Évidemment j'ai culpabilisé, le lendemain et j'ai encore fait plus attention. C'est le point charnière de ma vie. Le fait d'avoir craqué une fois a fait resurgir en moi toutes ces pulsions incontrôlables. A partir de ce moment là, ma vie ne fut plus que manger / plus manger... à force de craquer j'arrivais à engloutir de plus en plus de nourritures. J'en devenais malade mais pas en m'y forçant, mon corps rejetait tout. A force, je l'aidais à ce que ça sorte plus vite et c'est ainsi que je suis rentrée dans le cercle vicieux. Vers mes 21 ans, je pesais 63 kilos. Personne ne voyait rien et ne se doutait de rien. 63 kilos pour 1m68 c'est tout à fait normal... et pendant longtemps j'ai tout caché... jusqu'au jour où j'ai décidé de me faire interner. Du jour au lendemain j'ai raconté à mes proches que j'allais partir... mes parents étaient désemparés. Personne ne comprenait.
Avant de rentrer dans ce centre, ma vie se résumait à manger et vomir. Je ne mangeais rien jusqu'au soir et là c'était le cercle sans fin... jusqu'au petit matin je ne faisais que ça. Grâce à mon internement ,j'ai réussi à ma canaliser. Cela m'a aussi fait du bien de pouvoir rencontrer d'autres malades, des anorexiques comme des boulimiques. Mon dieu, je n'étais pas la seule dans cet état. Ce séjour a changé ma vie. Mais pas assez...
Je suis fatiguée de tout cela... je n'en peux plus... Il y a un an je suis descendue jusqu'à 59 kilos... je m'y sentais déjà mieux mais je suis maintenant à 64kg... je ne m'accepte de nouveau plus. Lorsque j'étais à 59, ce poids me semblait mieux mais toujours de trop.. c'est ça mon problème, ce n'est jamais assez...
Pour le moment je m'empiffre, en compensant parfois et parfois pas. Il faut que j'arrête. Il faut que je retrouve un équilibre. C'est pour ça que ce blog va m'aider. Je pense qu'écrire va m'aider à exorciser mes démons. Ce soir je fais une dernière crise et demain sera un nouveau jour.
Mes objectifs:
- Plus de crise
- Plus d'alcool
- Plus de laxatif
- Ne plus vomir
- Ne plus avoir peur de manger
- Ne plus avoir peur de vivre
- juste une vie.
Je ne vous promets pas de faire des repas équilibrés dans les jours qui suivent vu la soirée de ce soir mais c'est un autre de mes objectifs.
Dans cette vie chaotique qui est la mienne je veux revivre. Si j'ai presque réussi à avoir mon diplôme je pense être capable de reprendre ma vie en main. ( Le désavantage d'une boulimique c'est que ça ne se voit pas et c'est ça tout mon malheur, de plus les maladies psychologiques ne se mesurent pas, elles se vivent sans pouvoir être comprises par les autres)